En prévision de la publication de mon prochain livre, j’ai suivi de près de nombreux blogs et publications représentant tout le spectre d’opinions sur le changement climatique. Récemment je suis tombé sur cet article, qui fait état de mesures récentes montrant un accroissement en volume et en surface de la calotte glaciaire en Arctique, en Antarctique et au Groenland, parallèlement à un refroidissement des températures en surface et dans la troposphère. J’ai senti mon cœur se serrer. Voilà qu’arrivait ce que j’appréhendais depuis plusieurs années déjà, à mesure que j’observais la multiplication des failles dans le consensus sur le réchauffement climatique.
Avant que je n’explique pourquoi le refroidissement m’inquiète, je voudrais citer cet article présentant un point de vue contradictoire, publié dans la revue Nature, et qui explique que l’Antarctique perd ses glaces de plus en plus rapidement, et cet autre article prévoyant un réchauffement de dix degrés Celsius d’ici à 2021. D’autres points de vue contradictoires sont exprimés ici et ici. Les partisans de chaque camp s’empresseront sans doute de m’expliquer comment j’ai été dupé par leurs adversaires, mais l’objet de cet article n’est pas d’établir le bien-fondé de l’une ou l’autre opinion. Au contraire, je cherche à mettre en lumière ce qu’on perd de vue dans le feu de ce débat qui est devenu extrêmement polarisé et politisé.
Pourquoi diable devrais-je me préoccuper d’un refroidissement planétaire ? Etant donné les dangers du réchauffement planétaire, on pourrait penser que les signes d’un refroidissement seraient les bienvenus. Ouf ! Catastrophe écologique évitée ! Maintenant les affaires peuvent reprendre leur cours normal.
C’est bien là ce qui m’inquiète. Le « cours normal des affaires» est en train de détruire la planète – que le climat soit dans une phase de réchauffement ou de refroidissement. Voici quelques exemples de changements qui ont eu lieu en l’espace d’une cinquantaine d’années seulement : la quantité de poissons dans les océans a diminué de plus de moitié. Le nombre de papillons Monarque a chuté de 90 pour cent. Les déserts ont gagné du terrain sur tous les continents. L’étendue des récifs coralliens a été réduite de moitié. 80 pour cent des mangroves d’Asie ont été détruites. La forêt équatoriale de Bornéo a pratiquement disparu, et les forêts pluviales dans leur ensemble ne recouvrent plus que la moitié de la surface qu’elles occupaient jadis. Enfin, dans le monde entier, la biomasse des insectes volants s’est effondrée, atteignant jusqu’à 80 pour cent de pertes dans certaines zones. Avez-vous remarqué qu’il y a beaucoup moins d’insectes écrasés sur le parebrise que dans votre enfance ? Ce n’est pas un tour de votre imagination. C’est cela qui devrait nous inquiéter, quelle que soit la tendance des températures à l’échelle mondiale, car les insectes jouent un rôle essentiel dans tous les cycles de production de nourriture sur terre. L’extinction des insectes, c’est un signe que la planète se meurt.
On ne peut pas rendre le changement climatique directement responsable d’une seule de ces crises. La plupart d’entre elles sont dues à des modifications de l’occupation des sols et à l’extraction des ressources. Les récifs coralliens ont été détruits à la dynamite, dragués par les chalutiers et suffoqués par les sédiments dispersés par l’érosion du sol et la déforestation. Le changement climatique est sans doute un facteur aggravant, mais ce n’est pas la cause principale (les récifs, pour reprendre cet exemple, ont été victimes de destruction catastrophique avant même que le blanchiment ne devienne un problème). En ce qui concerne l’holocauste dont sont victime les insectes, il faut aussi tenir compte de l’expérimentation d’épandage d’insecticides à grande échelle que nous menons depuis 90 ans.
On aimerait pouvoir attribuer tous les problèmes environnementaux à une cause unique et quantifiable, comme les gaz à effet de serre. Pour avoir une démarche « bonne pour la planète », il suffirait alors d’utiliser de l’électricité d’origine solaire et de compenser ses émissions carbone. Ensuite, à l’échelle collective, il suffirait pour « sauver la planète »de passer à des sources d’énergie aux émissions neutres. Il est certain que cela présenterait des difficultés techniques, mais en principe cela ne nécessiterait pas de changement fondamental dans nos modes de développement, ni dans le rapport entre l’humanité et la planète.
Au cours des vingt dernières années, pratiquement tous les problèmes environnementaux ont été soit mis dans le sac du changement climatique, soit considérés d’importance secondaire. Les questions telles que les forages pétroliers en mer ou la préservation des forêts étaient jadis centrées sur la sauvegarde des forêts qui nous sont chères et la prévention des marées noires. De nos jours, le discours est devenu : « Il faut arrêter les forages et le déboisement à cause… du changement climatique ! » Pendant ce temps, les problèmes tels que le plastique dans les océans ou la sauvegarde des éléphants (qui n’ont pas grand-chose à voir avec le changement climatique) deviennent des questions annexes, car après tout quelle peut bien être leur importance comparée à la mission capitale qui nous échoit de sauver le monde ?
Cela fait au moins vingt ans que nous déclarons, « Arrêtons les oléoducs parce qu’ils contribuent au changement climatique, » « Arrêtons l’extraction des schistes bitumineux parce qu’ils contribuent au changement climatique, » « Arrêtons la fracturation hydraulique parce qu’elle contribue au changement climatique, » « Mettons en place des mesures de préservation des sols parce que la matière organique exposée à l’air dégage du CO2 qui contribue au changement climatique, » et ainsi de suite. Si l’on en vient à constater qu’il n’y a pas de réchauffement climatique en cours – ou tout du moins, si quelqu’un peut argumenter de façon plausible qu’il n’y en a pas – alors ces questions perdent leur fondement. Les écologistes pourraient en venir à regretter d’avoir annexé tant de questions à celle du changement climatique. Ils pourraient regretter d’avoir établi l’équation « bon pour la planète = émission de carbone réduite »
Je parcours des sites web de climatosceptiques qui n’hésitent pas à utiliser le moindre signe de refroidissement pour discréditer les mouvements environnementaux dans leur ensemble. Leur scepticisme à l’égard du réchauffement climatique va de pair avec un scepticisme à l’égard de la biodiversité, des déchets toxiques, du plastique dans les océans et de tous les autres problèmes environnementaux. A part quelques exceptions notables, leur message se résume à, « Tout va bien ! Ces écolos et autres verts sont ennemis du progrès et échafaudent des théories comme le réchauffement climatique pour faire avancer leur programme de gouvernement mondial gauchiste totalitaire. »
Dans la plupart des débats polarisés, pour révéler des vérités qui font avancer les choses, il faut remettre en question les points sur lesquels les deux camps s’entendent tacitement. Dans le cas présent, les deux camps sont d’accord pour centrer le débat autour de la question des gaz à effet de serre et des températures. Cette entente empêche d’ouvrir le débat à toute autre question. Elle éclipse également les autres raisons, non liées au climat, de s’opposer à des projets tels que la fracturation hydraulique ou les oléoducs – des raisons ne nécessitant pas d’adhérer à une théorie hautement politisée et difficile à prouver scientifiquement.
J’ai finalement réalisé que pour chaque pratique à laquelle on peut s’opposer pour des raisons climatiques, je connaissais également une autre raison de s’y opposer. Les oléoducs laissent échapper du pétrole et du gaz, l’extraction des schistes bitumineux saccage des paysages entiers, la fracturation contamine les nappes phréatiques, la combustion du charbon émet des polluants toxiques, les forages pétroliers en mer sont la cause de marées noires épouvantables. Même si le réchauffement climatique était une supercherie, je voudrais les arrêter tous. D’une certaine façon, les sceptiques ont raison à mon égard, car j’ai bien un programme « derrière la tête. » Il ne s’agit pas de mettre en place un gouvernement mondial totalitaire (désolé), mais de changer en profondeur le rapport de l’humanité au reste du vivant. Il s’agit d’examiner l’impact de chaque activité humaine sur les créatures et les lieux où nous agissons. Cette approche consiste à poser des questions. Face aux essais de sonars sous-marins : « Quel en sera l’impact sur les baleines ? » Face à la construction d’un oléoduc : « Quel en sera l’impact sur la rivière ? » Face à une opération minière en Amazonie : « Quel en sera l’impact sur la forêt et les peuples indigènes qui y vivent ? » Face au développement de nouveaux pesticides : « Quel en sera l’impact sur le sol, les vers de terre, les oiseaux, les insectes, la rivière, l’estuaire, la baie et l’océan ? »
Aujourd’hui je suis tombé un autre article qui décrivait un projet de sauvegarde des oiseaux marins sur l’île de Howe dans le Pacifique Sud. Des océanographes ont entrepris de faire des lavages d’estomac aux oisillons pour les débarrasser des plastiques qu’ils ont ingérés, souvent par certaines de morceaux, et qui les empêchent d’absorber leur nourriture. Les oisillons sont en train de mourir de faim. Il m’est impossible de trouver un argument convaincant pour expliquer que ces efforts minutieux atténueront le changement climatique, ou apporteront un bénéfice quantifiable à l’humanité. Pourtant, en regardant la vidéo de ce sauvetage et en voyant la tendre patience de ces océanographes, je n’ai pu que ressentir de la gratitude envers eux. Il me semble évident qu’ils rendent à la Terre et à l’humanité un grand service. Qui saurait dire quelles pourraient être les retombées de leurs efforts, par le biais de voies de causalité mystérieuses ? Qui pourrait dire comment se propagera le champ morphique de leur bienveillance active ?
Les climatosceptiques accusent les écologistes de se préoccuper plus des oiseaux marins, des baleines et des chouettes tachetées que des gens. Je pourrais moi aussi donner ici l’impression que je m’intéresse plus aux oiseaux marins qu’aux avantages économiques du plastique bon marché, que je m’intéresse plus « au sol, aux vers de terre, aux oiseaux, aux insectes, aux rivières, aux estuaires, aux baies et aux océans » que je ne m’intéresse aux êtres humains ; que je sacrifierais des emplois, que je sacrifierais les « avantages de la modernité », que j’irais jusqu’à sacrifier des vies humaines pour la cause de « l’environnement ». Le climatosceptique japonais Kunihiko formule cette critique et affirme que le réchauffement climatique est une mystification fomentée par ceux qui veulent « maintenir les pays en voie développement dans la destitution. » Ce qu’il veut dire, c’est que si nous cessons d’augmenter notre consommation d’énergies fossiles, le « développement » s’arrêtera et le monde perdra les avantages de la modernité.
En définitive, cette objection n’est cohérente que si l’on voit le monde au travers du prisme de la séparation, et que l’on considère que le bien-être d’un individu peut être séparé du bien-être de toutes les autres créatures. Le Mythe de la Séparation proclame : « Ce qui arrive à la nature ne nous affecte pas nécessairement. » Moi, je souscris à un récit qui déclare tout le contraire : que le soi et l’autre, l’être humain et la nature, l’intérieur et l’extérieur, ne peuvent être séparés. Que tout ce qui affecte le monde nous affecte aussi d’une manière ou d’une autre. Qu’à chaque fois qu’une espèce disparaît, quelque chose en nous meurt. Que la perte de la biodiversité va de pair avec une pauvreté culturelle et spirituelle. Que la pollution de l’environnement coïncide systématiquement avec la diffusion de poisons moraux, mentaux, physiques, sociaux et spirituels.
D’ailleurs, tirons-nous vraiment un tel avantage de tout ce plastique ? Sommes-nous plus heureux que nos grands-parents du fait d’avoir remplacé les sacs en jute par du plastique, les bouteilles en verre par du plastique, les pailles en papier par du plastique ? A cet égard, est-il si pénible de marcher à pied ? Est-il si pénible de se passer de voitures, de voyages en avion bon marché, du haut débit, de la climatisation, de l’abondance des biens de consommation, des plats préparés industriels et des gadgets jetables ? Dans le contexte de la société actuelle, bâtie autour de ces objets, il serait difficile de s’en passer. Si l’on considère normal d’avoir une voiture, c’est un progrès d’en avoir une plus performante. Si l’on considère normal d’avoir des routes, c’est un progrès qu’elles deviennent plus larges. Si l’on considère normal de dépendre des appareils de communication numériques, c’est un progrès qu’ils deviennent plus rapides. Les maisons sont conçues pour être climatisées. Les villes sont conçues pour les voitures. Les pressions de la vie moderne rendent indispensables les commodités et les technologies qui font gagner du temps. Faire d’autres choix en tant que consommateur individuel constitue seulement une partie de la réponse. Il nous faut explorer d’autres modes de développement et d’économie, qui permettent à l’humanité de s’épanouir sans avoir à puiser toujours plus dans les réserves de la planète.
Le spectre du réchauffement climatique nous invite à repenser la direction prise par notre civilisation, ainsi que le rapport de l’humanité à la Terre. Pas étonnant que tant de personnes refusent d’accepter ce qui est en train de se passer. Ce que je veux dire par là – en fait, ce pourquoi je plaide – c’est que, réchauffement ou pas, il nous faut repenser la direction prise par notre civilisation. Changeons notre rapport à la Terre. Explorons une nouvelle conception de la richesse, mesurée en termes de relations et pas de produits, de participation et pas d’extraction. Ce que je crains, c’est qu’une tendance au refroidissement ne mette un terme à cette quête. Je crains qu’elle n’étouffe l’idée que le changement climatique a fait germer: la notion dérangeante d’une dépendance mutuelle entre le bien-être humain et celui de la nature. Je crains qu’elle ne balaie notre prise de conscience que la santé du sol, des insectes, des arbres et des baleines fait aussi partie de notre richesse. Ce n’est peut-être pas le genre de richesse qui se mesure en terme de PIB. Elle ne se traduit pas par une augmentation de la consommation d’énergie en kilowatt-heure par habitant, ou de kilomètres parcourus, ou de mégabits téléchargés, ou de tout autre facteur que nous mesurons et chiffrons d’habitude.
Je pense que nous disposons de suffisamment de richesses quantifiables (même si elles sont mal distribuées, ce qui est un problème distinct bien qu’étroitement apparenté). Ce dont nous avons davantage besoin, c’est de tout ce qui est difficile à quantifier. L’épidémie de suicides et de dépression touchant un nombre croissant de personnes dans les pays développés n’est pas due à une réduction de la surface habitable de nos maisons, ou à un manque d’accès à un service de téléphonie 4G. Elle est probablement liée à la désintégration de nos communautés, à l’atrophie des liens interpersonnels, à la perte de sens et d’aspirations, aux douleurs chroniques et aux traumatismes enfouis, aux deuils jamais faits, à l’anxiété ambiante et à toutes les autres manifestations de la Séparation. Tout cela me paraît évident depuis là où je me trouve, la ferme de mon frère depuis laquelle j’écris, car ma vie ici est d’une grande richesse ; riche dans son rapport à la nature, au travers de mes mains, de mes sens, de mon labeur, et oui, de mes pieds nus ; et riche aussi dans son rapport aux autres, dans le partage du travail, de notre objectif commun et de l’entraide. Par contre, cette évidence se dissipe dès que je suis séparé de toutes ces choses. Dans la frénésie du monde des voitures et des écrans, toujours plus et toujours plus vite apparaît comme un progrès.
Quand la vie qui m’entoure est riche, ma propre expérience de la vie s’en trouve aussi enrichie. Voilà la prise de conscience induite par la non-séparation. C’est aussi une prise de conscience essentielle pour l’écologie. Lorsque je menais des recherches pour écrire mon livre, j’ai eu de multiples confirmations que la science du climat, au fil des ans, a sous-estimé de façon systématique les effets du vivant sur le climat. Même si on observe une prise de conscience croissante du rôle des forêts et d’autres écosystèmes dans la séquestration du carbone, il existe encore un parti pris inavoué pour une vision bio-mécanique du monde, qui considère la vie comme prisonnière des modifications des éléments atmosphériques, qu’elles soient dues au hasard ou à l’homme. Il y a une vision opposée, que j’appelle le concept de planète vivante, selon laquelle c’est essentiellement la vie même qui entretient les conditions propices à la vie. Il en découle que la disparition de la vie constitue la principale menace pour le climat et la biosphère en général. Si nous n’arrêtons pas de détruire les écosystèmes, de raser les forêts, d’assécher les zones humides, de décimer les vertébrés marins et terrestres, et de noyer la terre sous les pesticides, quand bien même réduirions nous les émissions carbone à zéro, la planète succomberait malgré tout à un million de blessures. Oui, une catastrophe épouvantable est en cours, et un refroidissement n’indiquerait en rien qu’elle est évitée.
Au cours des dix dernières années, la science a pris conscience de l’importance des multiples processus par lesquels les êtres et les cycles vivants influent sur la température, la météo et le climat. Les baleines transportent des nutriments du fond des océans vers la surface, et depuis les zones riches en nutriments où elles se nourrissent vers les zones pauvres où elles mettent bas, permettant ainsi à la vie d’y foisonner et jouant ainsi un rôle dans la séquestration du carbone. Certaines bactéries activent la nucléation des cristaux de glace et stimulent ainsi la formation de nuages qui reflètent la lumière du soleil et apportent la pluie ; sans elles, la vapeur d’eau subsiste sous forme de brume qui piège la chaleur, ce qu’on appelle une sécheresse humide. Les forêts ont un rôle de pompe biotique qui attire l’air chargé d’humidité depuis les océans vers l’intérieur des continents ; leur disparition est la cause de nombreuses sécheresses dont on rend le changement climatique responsable. Lorsque les sols, les prairies et les zones humides sont sains, ils absorbent l’eau qui sans eux déborderait ; ils forment des zones tampon qui protègent des inondations (dont on rend également le changement climatique responsable) ; ils reconstituent les nappes phréatiques qui alimentent les sources qui sustentent la vie pendant la saison sèche. Un climat sain a besoin d’une biosphère saine. Lorsqu’on ne se base que sur la température pour évaluer la santé, on passe à côté de cette vérité.
Si l’on adhère au concept de planète vivante, on ne peut plus couper une forêt vierge ici et compenser les émissions carbone par une plantation d’arbres ailleurs. On ne peut plus implanter un barrage sur le Niger, détruisant par là de vastes zones humides, tout en se félicitant de ce que la planète bénéficiera d’une électricité soi-disant verte. On ne peut plus convertir les forêts de Caroline en plantations produisant des copeaux de bois (encore une fois, de l’électricité soi-disant verte). On ne peut plus supposer allègrement qu’on peut se passer de tel ou tel écosystème ou espèce. Pourquoi donc ? Parce qu’ils forment les organes et les tissus d’une terre vivante.
La planète va-t-elle se réchauffer ou se refroidir ? Je n’en ai aucune idée. Au fil de ces années de recherche pour mon livre, l’inévitabilité d’un réchauffement dû aux gaz à effet de serre a, à mes yeux, perdu et non pas gagné en crédibilité. Petit à petit, des failles apparaissent dans le récit dominant. Il se pourrait bien que nous assistions à un refroidissement, ou bien à un réchauffement, ou même aux deux – des girations de plus en plus imprévisibles, comme une toupie hors de contrôle, comme un animal dont les organes lâchent et qui ne peut plus réguler sa température. Des fluctuations extrêmes des températures et des précipitations deviennent inévitables lorsque les cycles du vivant qui préservent l’homéostasie de la planète perdent de leur vigueur.
Peu importe que la planète soit en train de se réchauffer ou de se refroidir, les objectifs que nous devons nous donner pour préserver la santé de l’environnement demeurent identiques. Les mots clé sont sauvegarde, protection, régénération et restauration. La sauvegarde des forêts, l’arrêt des oléoducs, la restauration des écosystèmes, la régénération des sols agricoles et ainsi de suite, auront comme effets secondaires la réduction des émissions de gaz à effet de serre et l’augmentation de la séquestration naturelle du carbone. Mais ces conséquences ne sont pas leur principale motivation. Leur raison d’être est de favoriser l’épanouissement du vivant, biologique comme humain. Cet engagement ne doit pas dépendre de la tendance prise par les températures dans le monde.
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