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Charles Eisenstein

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Les Oliviers et le Cri de la Terre

February 20, 2019 by Charles Eisenstein Leave a Comment

February 2019
Merci à Isabelle Wynn pour son travail sur cette traduction. Il existe une version anglaise de cet essai.


Dans la région italienne de Salento, au cœur du talon pittoresque de la péninsule, les oliviers sont en train de mourir.

Une nouvelle maladie, le syndrome du déclin rapide de l’olivier, décime des oliveraies datant d’avant l’époque romaine, comptant parfois des arbres de près de 2000 ans. Les feuilles dépérissent, comme brûlées par le feu, les rameaux et les branches se dessèchent et les arbres meurent rapidement.

Pour expliquer cette calamité, deux théories ont été avancées. Chacune reflète une interprétation différente du rapport des hommes au monde physique, avec des implications qui vont bien au-delà des oliviers italiens.

Selon la première théorie, qui domine le débat, le syndrome est dû à une bactérie, la Xylella fastidiosa, importée du Costa Rica par des plants de lauriers roses infectés. Heureusement (du point de vue de cette interprétation) les autorités ont réagi rapidement, décrétant l’état d’urgence, débloquant des fonds de la Commission Européenne pour soutenir la recherche et l’éradication des arbres malades et désignant des zones contaminées, des zones tampons, et des zones indemnes. Un commissaire extraordinaire a été nommé pour faire appliquer les mesures visant à endiguer l’infection. Les propriétaires d’oliveraies ont l’obligation de déraciner tous les arbres infectés sous peine d’amende de 3000 euros ; tous les arbres se trouvant dans un rayon de cent mètres d’un arbre infecté doivent être abattus, entrainant ainsi la destruction d’oliveraies entières. Selon les militants sur place, à l’heure actuelle environ un million d’arbres sont destinés à être détruits.

Pas d’inquiétude – la science arrive à la rescousse. Les chercheurs ont mis au point un arbre bio-breveté, le F-17, baptisé le « Favolosa », autorisé pour le reboisement des zones infectées. Contrairement aux oliveraies traditionnelles d’une grande biodiversité, complantées d’arbres centenaires ou millénaires, ces hybrides sont obtenus par la culture industrielle de petits arbres sur des rangées à forte densité, avec une utilisation intensive de pesticides.

La théorie de la Xylella désigne les insectes tels que le cercope des prés comme vecteurs de la transmission de la bactérie ; en conséquence, les autorités incitent à l’élimination de toute végétation autour des oliviers afin de priver les insectes de leur habitat, en conjonction avec l’application intensive de pesticides.

D’autres chercheurs, dont Margherita Ciervo, de l’université de Foggia, avancent une seconde théorie, selon laquelle l’infection par la Xylella est un symptôme et non pas la cause du syndrome, et qu’il ne s’agit peut-être même pas d’une espèce exogène. La bactérie se manifeste de façon opportuniste lorsqu’elle est en présence de ce que les chercheurs décrivent comme des causes plus profondes : en premier lieu la dégradation des sols due à des pratiques agricoles néfastes. Par exemple, même dans les oliveraies anciennes, les cultivateurs ont fait au cours des dernières années un usage intensif du glyphosate et d’autres herbicides, éliminant la couverture végétale afin de faciliter la récolte. Une fois mort, le sol compacté ne peut plus accueillir le microbiome qui contribue à la protection contre les champignons et les bactéries (certains pensent même que des champignons seraient les principaux coupables, et non pas la Xylella.) La capacité d’absorption de l’eau est aussi amoindrie, ce qui rend les arbres plus vulnérables à la sécheresse. Ciervo accuse surtout le glyphosate, cet herbicide à large spectre. Elle cite un rapport de 2009 par Johal & Huber, paru dans le Journal européen de l’agronomie, et écrit :

…”Au fur et à mesure que les programmes de désherbage au glyphosate se multiplient, on voit apparaître ou réapparaître différentes maladies dues à la X. fastidiosa sur les cultures concernées. Ces maladies (telles que la maladie de Pierce affectant la vigne, le feu bactérien du prunier, le feu bactérien de l’amandier, les diverses chloroses des agrumes, le mildiou du caféier, le mildiou du citronnier, le dépérissement de la luzerne, le déclin des pacaniers, etc) se caractérisent tous par une perte de vigueur, un déclin progressif, une carence en micronutriments et une production réduite. L’agent pathogène est une bactérie endophyte qui colonise les tissus du xylème et réduit le transport des nutriments lorsque les plantes sont stressées […] Le glyphosate, qui stimule la croissance fongique et accroît la virulence des agents pathogènes tels que le Fusarium, le Gaeumannomyces, le Phytophthora, le Pythium et la Xylella, peut ainsi avoir de graves conséquences sur l’avenir de la production d’un large éventail de cultures vulnérables et conduire à la perte effective de leur résistance génétique. »

Pour établir l’hypothèse selon laquelle le syndrome du déclin rapide de l’olivier affecte les arbres affaiblis par un empoisonnement aux pesticides, Ciervo a étudié la répartition du syndrome et l’a corrélée avec la présence de cultures biologiques, confirmant ainsi que plus la pratique de l’agriculture biologique est répandue dans une région, moins celle-ci est affectée par le syndrome. Cette découverte confirme l’expérience des agriculteurs biologiques de la région qui ont réussi à guérir leurs arbres ou même à éviter la contamination, ainsi que le démontre brillamment la vidéo d’un agriculteur italien qui compare ses oliveraies biologiques aux oliveraies cultivées par son voisin à grand renfort de produits chimiques.

Laquelle de ces deux théories est-elle correcte ? Il va de soi que j’ai une prédilection pour la deuxième, et pourtant un examen attentif montre qu’elles ne sont pas entièrement contradictoires. Tout dépend du contexte dans lequel on se place et de ce qu’on considère comme une évidence. Dans le contexte de la culture conventionnelle de l’olive, basée sur un usage chimique intensif, la Xylella est effectivement une menace sérieuse. Tant qu’on ne remet pas en doute la poursuite de ce système d’agriculture, les mesures mises en œuvre par les autorités sont nécessaires. On peut appliquer un programme de pesticides et d’herbicides sans pour autant être corrompu ou stupide. En fait, le syndrome pose une question plus vaste, celle du type d’agriculture que nous voulons promouvoir.

Les solutions mises en œuvre par les cultivateurs biologiques de la région, comme l’ajout de minéraux, la restauration du microbiome, une taille appropriée et la préservation de la biodiversité de la faune et de la flore dans les oliveraies, sont confrontées au même problème crucial. Elles ne sont pas économiquement viables dans le contexte d’un marché mondialisé. Les agriculteurs qui utilisent ces méthodes ne seront jamais en mesure, face aux cultures industrielles, de rivaliser sur le marché traditionnel des matières premières agricoles.

Le nouveau gouvernement qui vient d’arriver au pouvoir en Italie a les moyens d’arrêter la campagne d’éradication et d’adopter des mesures s’appuyant sur les connaissances plus approfondies décrites ci-dessus. Cependant, ne sous-estimons pas la difficulté de ce faire. En Italie, la production d’huile d’olive était en crise bien avant l’épidémie du syndrome du déclin rapide de l’olivier. Les plantations nord-africaines à faible coût, bien souvent gérées par de grandes sociétés multinationales, ont déjà fait s’effondrer la rentabilité de la production italienne traditionnelle. Selon la journaliste Petra Reski, c’est en partie pour rivaliser avec les plantations nord-africaines, qui ont donc adopté la monoculture intensive de petits arbres replantés tous les 15 ans, à forte consommation en eau et en produits chimiques, que les cultivateurs italiens se sont initialement tournés vers le glyphosate.

Si on élargit le contexte, il s’agit en fait de la marchandisation et la mondialisation de l’agriculture – une tendance que le mouvement italien Cinq Etoiles, si radical soit-il, n’a qu’une capacité limitée à inverser à lui seul. Le nouveau gouvernement peut toutefois s’intéresser aux expériences des agriculteurs biologiques et des chercheurs comme Margherita Ciervo et mettre en œuvre une politique qui soutienne une transition de plus grande ampleur, vers une agriculture durable et régénérative, préservant la richesse culturelle et écologique caractéristique des oliveraies italiennes traditionnelles. Permettez-moi de suggérer quelques mesures pour mettre en oeuvre ce programme :

(1) En premier lieu, l’arrêt immédiat de la campagne d’éradication et de pesticides, qui exacerbe les conditions permettant à la Xylella de nuire.
(2) La conversion des oliveraies italiennes en une culture entièrement biologique et la création d’une image de marque associant l’huile d’olive italienne aux avantages caractéristiques d’arbres matures poussant sur des terres saines – avantages en termes de saveur, de santé et d’écologie. (L’huile provenant de ces arbres offre une meilleure qualité gustative et deux fois plus de polyphénols que l’huile d’olive cultivée par des procédés industriels.)
(3) La réallocation des subventions agricoles afin de soutenir la culture biologique de l’olive, par exemple en introduisant une méthode de rémunération des agriculteurs pour services écosystémiques, en reconnaissance du bienfait collectif apporté par les méthodes de culture biologiques traditionnelles, économes en eau et respectueuses de l’environnement.
(4) Des actions visant à établir des accords internationaux pour limiter, dans le cadre de la culture de l’olive et d’autres cultures, les pratiques agricoles inadaptées, destructrices de l’environnement, monopolisant les ressources en eau, dans le but de rééquilibrer la concurrence en faveur des producteurs pratiquant une agriculture durable.

A l’heure actuelle, c’est dans le sens opposé que va la tendance. De puissants intérêts ont beaucoup à gagner par cette campagne d’éradication, qui ouvre à la possibilité de convertir au développement de stations balnéaires, terrains de golf, etc des terres jusque-là protégées en raison de la présence d’arbres historiques. Les fabricants de pesticides, les facultés d’agronomie et les détenteurs de brevets sur le vivant en profitent également. Il y a peu de soutien institutionnel pour la recherche sur des théories non conventionnelles, une perspective rendue encore plus aléatoire du fait que les sections d’arbres infectées sont considérées comme des dangers biologiques et ne sont autorisées à être testées que dans un seul laboratoire certifié, affilié au courant dominant.

Confrontés à de puissantes institutions, privés d’une potentielle validation de leur point de vue par la science, les militants et les agriculteurs cherchant à préserver les arbres sont tournés en ridicule dans les médias qui les traitent de «magiciens», «superstitieux» et «gourous». Pourtant leur problème n’est pas une opposition de principe à la science, mais plutôt une absence de financement et de soutien institutionnel pour la recherche qui pourrait étayer leur point de vue.

L’hypothèse de la Xylella coïncide avec les intérêts des multinationales de l’agro-alimentaire et renforce la tendance actuelle vers une hyper-industrialisation de l’agriculture. Elle est également conforme aux vieilles habitudes intellectuelles et politiques de notre civilisation. Linéaire et réductrice, elle préfère chercher une cause unique plutôt que d’appréhender la réalité comme un système complexe. Elle est typique d’une démarche qui, pour résoudre les problèmes, s’acharne systématiquement à trouver un ennemi, cherche toujours quelque chose à contrôler, quelque chose à emprisonner, ou quelque chose à tuer. Je trouve qu’il y a dans cette affaire un parallèle avec l’anxiété liée à l’immigration en Europe : un réflexe qui pousse à accuser l’intrus étranger tout refusant de voir les causes sous-jacentes. Dans le cas de l’immigration, sont en cause les politiques économiques néolibérales et l’impérialisme militaire qui rendent certains pays inhospitaliers. De même, dans le cas des oliviers, sont en cause l’agression chimique envers le sol qui le rend, lui aussi, inhospitalier.

Même si le point de vue conventionnel attribue la mort des oliviers à l’attaque d’une bactérie tueuse, nous pourrions interpréter cette crise différemment : comme le cri de la terre, attirant notre attention sur sa souffrance. Entendrons-nous ce cri ? Ou continuerons-nous à ajouter à sa souffrance ?

Le problème du syndrome du déclin rapide de l’olivier nous offre une occasion significative d’amorcer un changement dans nos perceptions, nos méthodes et nos politiques. Bien qu’il puisse être perçu comme un problème marginal au regard des nombreuses crises dans le monde, la réponse qu’on lui apporte donnera le ton pour les réponses à d’autres situations dans lesquelles nous devrons opter entre, d’un côté, s’attaquer au « méchant » le plus facile à identifier, et d’un autre côté, chercher à comprendre et à remédier aux conditions de fond qui donnent lieu à l’émergence du «méchant». En outre, la réponse au syndrome permettra soit de normaliser encore davantage une agriculture industrielle, globalisée, dépendante d’une utilisation intensive de produits chimiques, soit de promouvoir une alternative à ce système. L’Italie et la Commission européenne sont face à un choix crucial. Espérons que la beauté et l’impact culturel de ces arbres anciens leur inspireront le courage nécessaire pour prendre un nouveau cap.


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